Au milieu du XIXe siècle, la bourgeoisie contribue largement à faire triompher l’individu, la famille et la vie privée. Le discours public, tant juridique que politique, social, esthétique et scientifique, s’attache à délimiter les rôles et les espaces masculin et féminin : à l’homme la direction des affaires et la scène publique, à la femme l’intendance du foyer et la sphère privée, où son temps n’ai pas encore « entièrement » dédié à l’éducation de ses enfants. Elle joue également un rôle très important dans l’organisation du réseau « d’alliance » qui permettra de faire fructifier les affaires familiales. Prisonnière d’une extrême codification de sa vie quotidienne, la femme bourgeoise est constamment en représentation, ce que nous livre le regard des peintres.
Ouvrages de référence possibles il :
– Le miasme et la jonquille – l’odorat et l’imaginaire social du XVIIIe – XIXe siècles allait Corbin , 1986, Flammarion
–Architectures de la vie privée , XVIIe-XIXe siècles, de Monic Eleb avec Anne Debarre, 1989, Hazan
Juliette Récamier incarne à merveille le type de la «merveilleuse», ces femmes intellectuelles qui se rendirent célèbres grâce à leur style vestimentaire et leur proximité avec les artistes de leur temps.
Elle fut la principale ambassadrice du style néoclassique ; Les robes blanches légères et le fameux châle de cachemire si précieux sont des éléments qu’on retrouve dans le portrait de Baron Gérard (vers 1800).- catalogue d’expo lui étant consacrée ICI
C’est aussi une femme d’influence qui organisa les plus grands « salons » de penseurs, artistes, …- comme le fût la Pompadour- de ce début de siècle.
Autres portraitiste de la bourgeoisie triomphante , Ingres :
- avec Philibert Rivière, 1805, (Paris, musée du Louvre) et Madame Rivière 1805 Paris, musée du Louvre
A demie couchée sur une méridienne, la posture sensuelle de Madame Rivière évoque celle de l’Odalisque peinte plus tardivement. Madame Rivière incarne ainsi le désir de légèreté et de luxe de la société du 1er Empire
- avec Madame Marcotte 1826 Paris, musée du Louvre
En robe d’intérieur sombre très enveloppante, Mme Marcotte incarne ce retour de la femme au foyer, cultivée et réservée. Le livre entrouvert et le lorgnon témoignent de la passion des bourgeoises de l’époque pour la lecture. Les émigrés de retour en France lancent la mode de l’anglomanie teintée d’historicisme. Les romans historiques britanniques (Ivanhoé, Walter Scott) accompagnent le goût nostalgique pour l’histoire, du Moyen Age au XVIIe siècle. Les manches gigot de Madame Marcotte sont une réminiscence déformée des robes de la Renaissance. Elles accentuent l’effet d’épaules tombantes, critère essentiel de beauté dans les années 1820. La taille redescend, marquée par une ceinture à boucle rectangulaire. Les boutons sont de retour ainsi que les corsets. Les couleurs s’assombrissent, le col d’organdi plissé rappelle les larges collerettes de dentelles empesées « à la Louis XIII ».
Ingres saisi le personnage dans son intimité. Les somptueux vases de Sèvres, le velours de la cheminée, les lunettes de théâtre, les porcelaines, les passementeries, jusqu’au reflet de la jeune femme dans le miroir.
- Madame Moitessier 1856 Londres, The National Gallery
Dès la seconde moitié du règne de Louis-Philippe, l’influence du XVIIIe siècle donne naissance en art décoratif au style Pompadour. C’est le retour aux étoffes semées de bouquets, aux dentelles, aux manchettes et la crinoline, interprétation des paniers du XVIIIe siècle.
La Princesse de Broglie 1853 New York, The Metropolitan Museum of Art (coll. Lehman)
Le luxe des robes et des parures, la coiffure en bandeaux, le port de tête et la corpulence font de ces femmes de la haute bourgeoisie du Second Empire, les emblèmes de la « Fête impériale ». La femme est imposante dans des toilettes qui ne le sont pas moins comme pour affirmer l’opulence et le dynamisme de cette époque.
Autres portraitiste « classique » : Auguste Toulmouche est un peintre de la seconde moitié du XIXème siècle aujourd’hui totalement oublié. Il est retenu par l’histoire de l’art comme le peintre de la Parisienne : Émile Zola parle des « délicieuses poupées de Toulmouche ». ( Dolce farniente et La fiancée hésitante, vers 1850)
-La manière dont Degas saisit quelques moments de vie de ces femmes est empruntée à la photographie. Fasciné par ce nouveau mode de représentation du réel, le peintre cherche à échapper dans chacun de ces portraits à la disposition traditionnelle de la figure sur le fond par la multiplication des points de vue – en exploitant par exemple le reflet d’un miroir-, ou encore par le recours à des angles inattendus – comme dans la Femme à la potiche où la figure est entamée par le décor.
- La Femme à la potiche, (1872, 54X65 cm, Musée d’Orsay)
- Mademoiselle Dihau au piano (1869, Hauteur 45 – Largeur 32,5, musée d’Orsay)