Mois: janvier 2020

Anne&Valentin

Anne&Valentin, c’est d’abord la rencontre de deux personnes; Anne et Valentin !

Tout commence en Septembre 1980 quand Valentin le hippie obtient

son diplôme d’opticien.

Les deux amoureux rêvent de pouvoir proposer des montures inclassables, originales et surtout, une philosophie de vente totalement dédiée au client et à ce qui fait la particularité de tout un chacun.

Dès l’ouverture de la boutique à Toulouse, on n’adapte pas les clients aux lunettes, on cherche plutôt à comprendre qui ils sont. De nouvelles questions s’imposent : comment vit la cliente, comment bouge le client, quelle sera la paire parfaite, celle qui lui ressemble. A l’époque, c’est une petite révolution.

Valentin gère la partie optique, Anne décore la boutique, assemble les vitrines, tous deux « commercent » avec conviction, le sourire en plus. Et ça marche, même si l’approche a rapidement ses limites, imposées par l’offre existante. Peu de modèles disponibles, trop peu de choix… L’ennui les guette… ? Qu’à cela ne tienne, Anne, à qui rien ne fait peur, s’improvise designer, Valentin à ses côtés. Elle dessine leurs premiers modèles, dont ils font faire les prototypes par un petit atelier.

En 1984, la première collection est lancée, baptisée sobrement Anne&Valentin.

Leurs créations sont originales, colorées et pleines de vie, mais tous deux gardent en tête leur priorité : des lunettes qui demeurent des objets ergonomiques, techniques, respectueux de ceux qui les portent.

 

Un premier aperçu de l’esprit Anne&Valentin à travers des videos présentant leur tooklook, véritable objet en soit.

 

L’esprit, au delà des gammes renouvelées chaque saison, va traverser tous les supports de communication (média et hors média).

Je vous poste ici en vrac des visuels de leur site internet, de leur magasins intégrés, des différents médias virtuels, des supports de communication papier, leur dernière collection et une conférence de Valéry Lorenzo, designer chez A&V (voir jusqu’à minute 11)

Boutiques de Paris (extérieur) et de Toulouse (intérieur et vitrine)

 

Pinterest … très mood board !

Carton d’invitation pour le salon SILMO (2019)

 

 

la video de Valéry Lorenzo : https://www.youtube.com/watch?v=OPsXeK9z950

45 sec  à min 11 min

La dernière collection  (janvier 2020) des « optiques » https://anneetvalentin.com/optique/

 

 

 

The Anne&Valentin brand is the lovechild of an optician couple from Toulouse, who sought to create original, well-designed frames for their friends. Today, we still claim a fierce independent spirit and an international, family-oriented state of mind. We have preserved and challenged our vision, built on high standards, research, and a love for the object itself. Our history evolves as we meet new, interesting, curious and surprising personalities along the way. Friends, customers, strangers on the street, emerging and confirmed artists constantly inspires our designers and teams. All these characters differ in age, style, genre. Each encounter we make renews our passion for our work. Our communication is above all managed through the concrete reality of our ideas, and through the extreme quality of our process. We imagine our models, visuals, interior decoration and shop furniture ourselves. Our collections are born in the inner dimension created by our ideas, our whims, our inspiration, and your interior universe. Our taste for culture and singularity continuously expands and connects. With five Anne&Valentin stores and 1500 carefully selected retailers, our brand is worn almost everywhere in the world today. Our frames are the expression of the humanity and kindness we wish to share with all of those that put their trust in us.

 

 

design social : agir sur le réel !

2 articles d’ Alter Echos sur le design social : une interview et un article sur le handicap

Olivier Gilson coordonne les ateliers de design pour l’innovation sociale du Mad, le Centre bruxellois de la mode et du design, qui accueille de jeunes créateurs en résidence. Ce spécialiste du « design social » nous explique les contours d’une discipline peu connue du grand public, dont l’ambition est d’agir sur le réel.

Alter Échos : Qu’est-ce que le design social ?

Olivier Gilson : Cela reste du design mais avec une approche plus participative et collaborative. Le design classique poursuit une finalité formelle. Il arrive en bout de course. Lorsque tout a été réfléchi au préalable, on demande au designer de proposer une belle forme, un bel objet. Avec le design social, chacun se met autour de la table, avec ses compétences propres pour déterminer, collectivement, un cahier des charges et construire quelque chose, ensemble. L’idée est de se mettre au service de l’intelligence collective… et d’améliorer la société. Nous sommes en contact avec les gens, nous travaillons avec eux, pour eux et nous voyons leur réaction.

AÉ : Le design social, c’est bien plus qu’une histoire d’objets…

OG : Au sein du Mad, on trouve de jeunes designers d’objets, mais aussi des graphistes, des architectes de l’espace, des designers de services. En gros, tout ce qui concerne la société nous intéresse. Le champ d’action est très large. Le design social est davantage une approche qu’un aboutissement formel. Le meilleur exemple de cette évolution, ce sont les designers de services, qui ne produisent rien de physique. Seulement du service. Ils proposent une réflexion. À partir de différentes pièces d’un puzzle, ils les assemblent pour que cela fonctionne.

« Nous ne prétendons pas apprendre aux associations ce qu’il faut faire. »

AÉ : Pourriez-vous être plus concret concernant le design de services ?

OG : Nous travaillons sur la mobilité à Bruxelles. Nous recevons une petite subvention pour réfléchir à l’utilisation du vélo. Le thème, c’est de pouvoir permettre à des gens de quartiers défavorisés d’apprendre à rouler à vélo – ce qui n’est pas si évident que ça ; dans certaines cultures, le vélo est mal accepté. Il faut donc d’abord leur apprendre à rouler, puis leur donner l’accès à un vélo, enlever les freins à son utilisation. Des services existent déjà, qui mènent des réflexions sur ces thèmes : il y a Pro Velo pour l’apprentissage. Il y a Cyclo, qui permet de louer ou d’acquérir des vélos à prix concurrentiels. Il faut faire fonctionner tout ça ensemble, trouver des réponses à de nombreux enjeux : apprendre à rouler, mais aussi obtenir un vélo, le sécuriser. Sera-t-il partagé ? Y a-t-il de la place pour ranger un vélo chez les personnes concernées ? Comment régler une série de petits soucis qui empêchent la personne de se lancer ? Notre spécialiste en design de services réfléchit à cet ensemble de choses. Elle va interroger toutes les parties prenantes et penser une organisation, un prototypage de services qui sera mis à l’essai, puis modifié en fonction des remarques des associations et des utilisateurs. La démarche est très empirique. Le but est que ce service ait un impact sur les quartiers, en termes d’innovation sociale et sociétale.

Construire un projet commun

AÉ : D’accord, mais quelle est la différence entre le design de services et une simple coordination sociale mise en place par une association ordinaire ?

OG : Nous sommes des facilitateurs. Nous facilitons avec des outils propres au « design thinking » – ce sont de grands mots, mais dans les faits nous mettons simplement les gens autour de la table pour construire un projet commun. Le problème pour une association classique, c’est que son rôle se cantonnera à la coordination sociale. À un moment donné, il faut une vue globale, plus créative et orientée vers le résultat. Le but du jeu, c’est d’arriver à un programme – comme dans le design industriel – qui puisse être reproductible. Les associations sont concentrées sur leurs problématiques. Nous, on vient de l’extérieur avec une vision beaucoup plus large.

AÉ : Reproduire des solutions qui fonctionnent, c’est au cœur de votre démarche ?

OG : Tout à fait. Et, pour bien le comprendre, je vais vous donner un exemple. De grandes bâches avaient été utilisées lors des travaux de rénovation de la Grand-Place. Ces bâches étaient destinées à être jetées. Nous avons reçu un appel de l’échevinat qui les mettait à disposition, au cas où. Un designer, au Mad, était intéressé. Au même moment, une entreprise de travail adapté (ETA) – qui travaille avec des personnes handicapées – manifeste aussi un intérêt. La problématique de l’ETA est simple : ils ont de grosses commandes ponctuelles dans le cartonnage. Entre ces commandes, ils sont au chômage technique. Ils cherchent donc une activité pendant ces périodes creuses pour générer du revenu afin de payer correctement les personnes handicapées. Une réunion a eu lieu entre le Mad et l’ETA, un partenariat s’est noué. Le designer se dit qu’il faut faire quelque chose de ludique et sympa avec cette matière première – la bâche microperforée. Il imagine un sac sur lequel est cousue une plaquette en métal, avec un numéro qui correspond à une portion de l’une des maisons de la Grand-Place. À l’intérieur du sac, on trouve l’explicatif de ce projet social et écodurable. Ces objets ont été vendus au prix de 39 euros. En un jour et demi, tous les sacs sont partis. Cette ETA a ensuite été contactée par Bozar qui a aussi des bâches sur les bras. Et hop une nouvelle commande ! Mais il faut aller encore un pas plus loin. Des bâches comme celles-là, il y en a de plus en plus, qui finiront à la poubelle ; on va essayer de travailler avec les échevins pour que chaque demande soit automatiquement transférée à différentes ETA. Avec ce type de projets, le déchet n’est plus un déchet mais une matière première, le travail n’est plus une activité ponctuelle, mais un travail à part entière. Une activité économique nouvelle peut en naître.

AÉ : Dans quel contexte est né le design social ?

OG : À un moment, le design était lié à l’industrie. Mais le design industriel, en Belgique, n’est plus vraiment florissant. Comment, dans ce contexte, reprend-on sa place ? Comment réinventer son métier, avec de nouvelles technologies, de nouvelles dynamiques ? Notre métier, à l’origine, était de trouver des solutions industrielles pour produire massivement des objets à des prix abordables pour les gens. En parallèle, il y a eu l’évolution commerciale, économique et marketing du design qui l’a tiré vers une production de luxe, chère, dont Stark était le modèle. Le design social propose de revenir à la base de notre métier, qui est de travailler pour la société, en lien avec elle. L’un des premiers à lancer la réflexion a été Victor Papanek. Il fut le premier à faire de « l’anti-design ». Pour lui, le design ce n’est pas la forme, c’est le contenu. « On s’en fout de l’esthétique », c’est son message. Il est à l’origine d’interrogations très contemporaines : à l’heure où le design devient de plus en plus beau, formel et même anti-pratique, quel est le rôle du designer ? Sommes-nous des artistes ou des gens qui travaillent le produit ?

« Nous nous installons dans des quartiers difficiles, dans les endroits où ça se passe. »

AÉ : La différence avec le design classique se situe-t-elle dans la finalité du travail ?

OG : Pas seulement. La finalité n’est pas la même, mais l’approche non plus. Quand quelqu’un veut ouvrir un nouveau restaurant et a besoin d’un architecte d’intérieur, cela ne nous intéresse pas. Cela nous intéresse si c’est un restaurant social. En cela, la finalité du travail est importante. Mais l’approche l’est aussi. Un architecte d’intérieur classique va penser clientèle, esthétique. Nous allons penser fonction et objectifs à atteindre. Si, à un moment donné, il faut que ça soit moche pour que ça fonctionne, et bien ça sera moche. Nous ne sommes pas là pour faire du beau, mais pour faire du juste. Pour faire du contenu et pas de la forme.

Le design social est un outil

AÉ : Vous vous situez donc clairement dans le champ d’action sociale, en nouant des partenariats avec le monde associatif. Mais le tissu associatif belge n’est-il pas méfiant, de prime abord, lorsqu’on lui parle de « design » ?

OG : Oui, il y a de la méfiance. Mais nous nous installons dans des quartiers difficiles, dans les endroits où ça se passe. Nous montrons les projets que l’on a réalisés et nous proposons des outils. Nous sommes un outil. Nous ne prétendons pas apprendre aux associations ce qu’il faut faire. Nous proposons simplement de travailler ensemble.

AÉ : Vous travaillez par exemple sur des projets d’aménagement, dans des quartiers difficiles…

OG : Récemment, une association du quartier Anneessens voulait installer du mobilier urbain et des bacs potagers. Elle constatait qu’à chaque tentative le matériel était détruit en 15 jours. Nous avons fait le tour du quartier, rencontré les associations, les habitants et les jeunes qui ressentent une certaine frustration. Nous nous sommes demandé comment faire pour qu’ils reprennent la main sur leurs projets, sur leur environnement. C’est de là qu’est née l’idée de proposer un jeu assez simple autour de cet aménagement. C’est un jeu de construction basique, qui ne demande aucune compétence et qui permet à chacun de proposer quelque chose. Si tu mets les gens autour de la table en discutant « mobilier urbain », ils ne savent pas ce que c’est, ou ils n’ont pas envie de savoir. Si on leur explique, ils ont l’impression qu’on les dévalorise. Là, l’animateur a en main un outil accessible en posant une question : de quoi avez-vous besoin ? Une fois que la composition, à partir du jeu, est terminée, la commande est passée au producteur qui livre la chose en pièces détachées. On pourrait imaginer un service qui s’occuperait de monter ce mobilier urbain. Une association qui donnerait de l’emploi à des personnes qui en ont besoin.

« Nous essayons d’intégrer au maximum l’open source, car cela fait partie intégrante de la logique participative. »

AÉ : Ces associations avec qui vous travaillez ne doivent pas avoir les moyens de se payer les services de designers…

OG : Tout d’abord, nous sommes un service public, financé par la Ville de Bruxelles, la Région et l’Union européenne. Ensuite, nous distinguons le type de commandes. Certains projets sont rémunérateurs. Vivacqua nous a par exemple contactés pour créer des fontaines mobiles devant permettre un accès à l’eau potable lors d’événements publics. D’un autre côté, lorsque nous travaillons avec des associations qui n’ont pas beaucoup de moyens, c’est le Mad qui paye le designer (et l’association paye généralement le matériau). On peut aussi travailler à la rédaction de cahiers de charges, avec images 3D, qui vont permettre aux associations d’aller chercher des budgets.

AÉ : Travaillez-vous en « open source » avec des logiciels libres ?

OG : Nous essayons d’intégrer au maximum l’open source, car cela fait partie intégrante de la logique participative. Si une idée est bonne, elle peut être récupérée par quelqu’un d’autre qui pourra peut-être l’améliorer. Mais nous nous retrouvons dans un dilemme : comment le designer va-t-il se rémunérer ? Car le design est lié à un droit d’auteur. Et ce droit d’auteur a tendance à disparaître dans ce cadre. Il faut donc réinventer la façon de rémunérer. Chez nous, le designer est payé à la mission.

Pour aller plus loin : un exemple de réalisation d’un banc avec des habitants

 

Et autre sur le handicap : toujours dans Alter Echos

Les étudiants ont testé plus de 40 prototypes avant d’arriver à une aide-trombone qui réponde complètement aux attentes de Simeon. (Source : D4E1)

D4E1, le design au service des personnes handicapées

Alter Échos n° 450 12 septembre 2017 Aubry Touriel
Jouer du trombone avec un bras ? C’est désormais possible grâce à l’initiative Design for (every)one (D4E1). Étudiants en design et en ergothérapie s’associent pour adapter des objets aux besoins des personnes handicapées.

« Que vais-je encore pouvoir faire ? Cette question me trottait dans la tête après mon accident. C’est beau de faire de la musique, c’est injuste de ne plus pouvoir en jouer, raconte Simeon, père de trois enfants qui a perdu son bras droit à la suite d’un accident de la route. Avant, je jouais un peu de piano, de la guitare et du trombone. Je n’arrive plus à faire de guitare, je suis limité à une main au piano. Je savais que ça devait être possible de jouer du trombone, mais je ne pouvais plus tenir l’instrument droit… », poursuit cet amateur de musique.

Même s’il avait une prothèse de qualité, Simon ne pouvait plus pratiquer sa passion. Il avait de grandes difficultés à maintenir l’instrument et ça devenait douloureux au bout de quelques minutes. « Apparemment, je tenais ma tête trop en avant. C’était vraiment très inconfortable et en plus les notes ne ressemblaient à rien. C’était très frustrant. »

Il a alors répondu à un appel lancé par Design for (every)one (D4E1), une initiative organisée par la Haute École de Flandre occidentale (Howest) depuis 2009. Il a présenté son cas et a été sélectionné. Quatre étudiants en deuxième année d’ergothérapie et de design l’ont ensuite rencontré pour envisager de lui permettre de jouer du trombone à une main. Ils disposaient de 12 semaines pour concevoir un produit ergonomique adapté à son handicap.

Bienvenue aux hackers

Lieven De Couvreur, initiateur de Design for (every)one, revient sur les origines du projet : « D4E1 s’est créé de manière organique. Nous avons un centre de design à l’Howest où on organise de nombreuses formations. À un moment, un ergothérapeute est venu avec une question spécifique pour créer un produit sur mesure, c’était un sujet passionnant qu’il fallait développer. Ça a démarré comme ça. »

Petit à petit, le projet D4E1 a été intégré de manière plus structurelle dans un cours qui faisait partie de la formation en conception de produits industriels. Les étudiants ont pour mission de concevoir des gadgets créatifs pour aider les personnes handicapées ou âgées dans leur quotidien.

« Pendant des semaines, nous avons construit prototype après prototype, une quête ultime vers l’accessoire qui fait la différence. », Arne Malfait, étudiante en design

Le client joue un rôle crucial dans ce processus de conception participative : les étudiants partent à la rencontre de la personne pour analyser son profil et mieux comprendre ses besoins. Ils créent ensuite un prototype, l’apportent au bénéficiaire afin qu’il le teste et l’adapte. Les patients ont d’ailleurs toujours le dernier mot.

« On n’utilise pas de croquis, nous allons directement ‘hacker’ de petites choses. De cette manière, on collabore avec les gens depuis le début et ils peuvent fournir leurs commentaires », commente Lieven De Couvreur, également auteur d’une thèse de doctorat sur l’adaptation de produits grâce au « hacking » des produits.

A priori, quand on parle de « hackers », on pense aux experts informatiques qui piratent des ordinateurs ou des systèmes. Or, dans la définition d’origine, un hacker est une personne « qui utilise son ingéniosité pour créer un résultat intelligent à l’aide de moyens non conventionnels ».

Production de masse vs sur mesure

La tendance actuelle en matière de conception de produits suit la logique de la production en masse qui répond aux besoins d’une grande partie du marché. Les articles développés ne répondent ainsi pas à une demande spécifique, comme c’est nécessaire pour certains profils, comme celui Simeon.

Le principe de « conception universelle » entre dans ce contexte. Il s’agit de la conception de tout aménagement, produit, équipement qui peut être utilisé par toute personne, sans nécessiter ni d’adaptation ni de conception spéciale, et ce quels que soient son sexe, son âge, sa situation ou son handicap.

« Notre philosophie est de fabriquer des produits sur mesure en design libre (open design). Il est donc possible de modifier les pièces séparément », Lieven De Couvreur

« L’inconvénient de la conception universelle, c’est que, si un produit est cassé, il faut le ramener au fabricant. Notre philosophie est de fabriquer des produits sur mesure en design libre (open design). Il est donc possible de modifier les pièces séparément », détaille Lieven De Couvreur.

Une fois qu’un projet est terminé, tous les plans de construction sont mis en ligne et sont libres d’accès. L’idée est de permettre à tout le monde de recopier et/ou adapter son propre environnement. C’est un peu le pendant des logiciels développés en open source sur Internet.

Les produits conçus dans le cadre du projet D4E1 concernent tous les domaines. Cela va d’un lance-balles pour chien intégré à un fauteuil roulant à un porte-bouteilles pour servir plus facilement en passant par un appareil photo avec un bouton déclencheur à gauche… En tout, près d’une centaine d’objets ont été créés depuis le début du projet D4E1.

Dans le cas de Simeon, il a fallu plus de 40 prototypes avant d’arriver à une aide-trombone qui réponde complètement à ses attentes. Au final, les étudiants ont créé un accessoire simple, facile à ranger dans la housse du trombone. Ce système de soutien, composé d’une tige métallique, d’un support et de lanières, permet de maintenir l’instrument en bonne position.

« Pendant des semaines, nous avons construit prototype après prototype, une quête ultime vers l’accessoire qui fait la différence. », Arne Malfait, étudiante

Ce trombone amélioré a par ailleurs reçu un prix en 2013 dans le cadre de « Bricoleur du cœur » organisé par Handicap International. Ce prix récompense des inventions astucieuses qui facilitent la vie quotidienne de personnes handicapées ou âgées.

Différents obstacles peuvent parfois se dresser sur la route des étudiants. « Une réussite à 100 % n’est pas garantie, témoigne Lieven De Couvreur. Les étudiants ont parfois des difficultés à comprendre les attentes des gens. Ou les gens ne se rendent pas compte de la difficulté de concevoir ce type de produit ; leurs attentes peuvent être trop élevées. Les deux parties doivent toujours accorder leurs violons. »

Mais une fois le produit fini, étudiants et patients sont généralement satisfaits du travail accompli. Arne Malfait, l’un des quatre étudiants actifs dans le projet dévolu à Simeon, raconte : « Cela donne beaucoup de satisfaction quand on peut aider quelqu’un de cette manière. Je joue moi-même de la guitare et je me rends compte à quel point la musique est importante pour les individus. Quand, d’un coup, tu ne peux plus jouer, c’est comme une énorme claque. Pendant des semaines, nous avons construit prototype après prototype, une quête ultime vers l’accessoire qui fait la différence. »

 

 

RESISTANCE 3 : le mobilier urbain, objet de cohésion ou de dissuasion

Voici un article de Alter Echos, magasine en ligne belge

Des palettes transformées en bancs par des personnes sans abri ou mal logées: un moyen de revendiquer leur droit à l’espace public. Crédit: StudioCaricole

Le mobilier urbain, objet de cohésion ou de dissuasion

Alter Échos n° 450 12 septembre 2017 Par Marinette Mormont et Manon Legrand
Le mobilier urbain a pour but de répondre aux divers besoins des usagers d’une ville. Celui-ci étant une arme à double tranchant, les pouvoirs publics et acteurs privés peuvent aussi recourir à un design particulier avec une volonté de régulation, voire d’exclusion.

Par Marinette Mormont et Manon Legrand

Début juillet, le système d’arrosage automatique installé quelques jours plus tôt par la Ville de Bruxelles à l’entrée du Musée des Égouts situé à la porte d’Anderlecht a fait jaser. Destiné, selon les pouvoirs publics, à « arroser les plantes » nouvellement installées, pour un groupe de riverains et plusieurs collectifs citoyens (dont le Collectif de réappropriation intégrale – CRI – et la librairie Ptyx à Ixelles), il poursuivait un objectif tout autre : faire fuir, à coups de douches forcées s’activant à chaque passage, les SDF, dont de nombreuses familles roms, installés depuis plusieurs mois sous le porche. Le système a entre-temps été désactivé sur demande l’échevine de la Culture Karine Lalieux, qui, selon ses déclarations à des citoyens mécontents(1), n’aurait pas été au courant de ce dispositif. Karine Lalieux a toutefois souligné dans cette même lettre, « que les sans-abri n’ont pas leur place à cet endroit, qui est d’ailleurs une issue de secours, et que ce n’est pas aux équipes du musée à devoir gérer ce type de situation ».

Jets d’eau, bancs publics design mais inconfortables, sièges individualisés, assis-debout, mais aussi suppression de locaux chauffés dans les gares, murets pentus, surfaces anti-graffitis, grilles ou encore « piques » à humains… les pouvoirs publics comme les acteurs privés ont recours au design et plus largement à l’aménagement du territoire pour exercer un contrôle des populations.

Le concept de « prévention situationnelle », qui a pris forme aux États-Unis dans les années soixante (école de Chicago), recouvre l’ensemble des politiques qui modifient les conditions dans lesquelles un délit ou un crime peut être commis. La « prévention situationnelle » vise à prévenir les comportements inadaptés ou insécurisants, entre autres à travers l’architecture et l’urbanisme. Sa particularité, explique François Bonnet (département de sociologie et d’anthropologie de l’Université d’Amsterdam), réside dans le fait qu’elle ne s’intéresse pas aux causes du crime ou du comportement déviant, mais qu’elle propose une solution technique, amorale, à un problème d’intégration sociale(2). Si ces dispositifs semblent plus consensuels que des mesures coercitives, ils s’avèrent aussi plus insidieux.

Le lieu public, un espace où on bouge

Dès le XIXe siècle, les espaces urbains sont remodelés pour lutter contre les assauts insurrectionnels de la classe ouvrière. À Paris, Haussmann conçoit de larges avenues qui favorisent l’action militaire et empêchent toute construction de barricade. « Cent ans plus tard, la volonté de réguler les comportements par l’aménagement de l’espace s’est encore accrue, constate Inter-Environnement Bruxelles (IEB). L’architecte a vu son rôle de complice des gardiens de l’ordre social développé (…)(3). »

C’est dans les années nonante que l’introduction d’un mobilier urbain dissuasif voit le jour dans notre capitale, de façon concomitante à l’avènement des contrats de sécurité, et d’abord dans les transports publics. En évitant les rassemblements statiques de personnes considérées comme indésirables (groupes de jeunes, sans-abri, usagers de drogues, Roms…), on met en place une politique des flux. Au détriment, parfois, d’autres publics plus vulnérables non visés, comme les personnes âgées ou les femmes enceintes. « L’espace public est devenu un espace où on bouge, commente Martin Wagener, professeur en politiques sociales à l’UCL (Fopes). On y trouve de moins en moins de possibilités pour s’asseoir. » Tout un nouveau mobilier design se dessine dans nos villes, embellissant l’espace, mais ne laissant plus aux usagers l’occasion de se (re)poser.

« En réalité, les espaces publics sont aménagés pour maintenir les classes moyennes à Bruxelles et répondre à leurs besoins. », Claire Scohier (IEB)

Exemple ? À Bruxelles, l’installation en hiver 2013 de nouveaux bancs dans la station de métro Demey a défrayé la chronique. « Parfaits pour de courtes pauses de cinq minutes », selon les designers qui les ont conçus (Urbastyle), ces « assis-debout » galbés – qui permettent donc seulement de s’appuyer – ont été dénoncés comme des dispositifs anti-sans-abri et, plus largement, comme inutiles pour les usagers de la Stib.

« Les espaces publics sont des espaces partagés. En réalité, ils sont aménagés pour maintenir les classes moyennes à Bruxelles et répondre à leurs besoins », décrypte de son côté Claire Scohier (IEB), illustrant son propos par le cas de l’aménagement de la place Bethléem, dans le bas de la commune de Saint-Gilles. Cette place constitue un espace où cohabitent des populations populaires et d’autres issues des classes moyennes qui investissent les restaurants qui bordent l’un des côtés du site. « On a placé des grilles métalliques entre les terrasses et le reste de la place. Symboliquement, on sépare encore davantage les usagers de cette place mixte », commente-t-elle.

Public, privé : même combat

L’installation de caméras et l’aménagement architectural des centres commerciaux en France serviraient moins à réduire le crime qu’à gérer l’accès à certaines populations indésirables, constate François Bonnet, qui a étudié les mécanismes de la prévention situationnelle dans les gares et les centres commerciaux(4) : l’objectif est de créer un environnement sûr de loisir et/ou de consommation, qui doit donc être socialement exclusif.

Même constat pour les gares. Ces espaces se veulent plus attractifs pour la clientèle et pour les commerçants qui s’y installent, ce qui implique une gestion de la sécurité des lieux et des marginaux susceptibles de s’y installer. Conséquence, on y réduit le nombre d’espaces où les publics « gênants » et/ou errants peuvent s’attarder. L’offre de bancs y est réduite.

C’est le cas à Liège. Dans la gare inaugurée en 2009, signée par l’architecte-star Santiago Calatrava, les usagers ont rapidement déploré l’absence, ou en tout cas la présence limitée de bancs au regard du gigantisme de l’édifice. Tant sur les quais que dans les halls, où les seuls bancs disponibles sont des dispositifs arrondis sur lesquels il est impossible de se coucher. La SNCB avait justifié aux citoyens mécontents « qu’il n’était pas nécessaire d’avoir des bancs puisque les trains étaient ponctuels » (sic). Tout aussi surréaliste, la réponse de l’architecte : « Les bancs ne vont pas avec l’œuvre architecturale. » L’esthétique prime donc les usages. La Ville de Liège entend les critiques, mais selon les mots du premier échevin Michel Firquet, « l’aménagement est une chasse gardée de la SNCB sur laquelle la Ville n’a pas de prise ».

« Pour les sans-abri, le droit à l’espace public est encore plus important puisqu’ils n’ont pas d’espace privé. », Willem Defieuw, Samenlevingsopbouw Brussels

Tous ces aménagements allient indissociablement politiques de sécurité et politiques commerciales, explicite François Bonnet, « la première logique étant intrinsèquement subordonnée à la seconde », une situation pacifiée facilitant la consommation.

L’installation de portiques de sécurité à l’entrée de chaque station de métro à Bruxelles illustre ce propos. « Si l’argument utilisé repose sur la nécessité de faire payer les tickets aux usagers, c’est aussi une manière de réguler les flux des gens qui accèdent à ces espaces », confirme Claire Scohier. Et d’ajouter que, si aujourd’hui le plus grand piétonnier européen du centre de Bruxelles « est un aimant à SDF », son aménagement futur (avec, entre autres, l’installation de nouvelles terrasses) aura bien pour effet de repousser plus loin ce public un peu trop encombrant. « Tout a tendance à devenir espace de consommation, d’événements et donc de sélectivité des publics. Les terrasses agissent aussi comme une sorte de mobilier dissuasif. »

Entre tolérance et éviction : des espaces cogérés

« Le banc est un espace où nous, comme les personnes sans abri, pouvons nous poser, nous reposer, prendre l’air, de la distance ou être en contact avec d’autres. Tout le monde a droit à l’espace public et quelque part, pour les sans-abri, c’est encore plus important puisqu’ils n’ont pas d’espace privé », défend Willem Defieuw, de l’association Samenlevingsopbouw Brussel. Fort de ce postulat, le travailleur social a développé depuis quelques années avec des personnes sans abri ou mal logées plusieurs projets autour du banc public. Fabriquer avec ces personnes des bancs à partir de palettes en bois, les personnaliser en partant de leur vécu : une manière de revendiquer ce droit à l’espace public tout en favorisant la créativité de ces personnes.

Si l’espace public se rend moins accueillant pour les personnes fragilisées par l’entremise des architectes, designers ou urbanistes, d’un autre côté, de nouveaux espaces de cogestion de ces lieux ont vu le jour, basées sur des collaborations improbables entre acteurs du social, de la prévention et des transports publics (lire par exemple « Métro-Liens : favoriser la cohabitation souterraine », Alter Échos n°405, juin 2015). Les sans-abri sont tolérés dans certains lieux s’ils ne sont ni trop nombreux, ni trop visibles, ni trop importuns pour le passant ou le client.

« Quand ils font beaucoup de bruit, quand ils font la manche de manière agressive, laissent traîner leurs déchets… Il existe des choses non tolérables. Ce sont des citoyens comme les autres, ils doivent respecter certaines règles. La question n’est pas seulement celle du droit à l’espace, mais aussi de la gestion de cet espace », explique Martin Wagener.

Outre la question des comportements, certains lieux sont aussi emblématiques pour les pouvoirs publics, comme la place de la Bourse au centre de Bruxelles et au cœur de son piétonnier géant. « L’enjeu est de ‘libérer cette place’ pour qu’elle soit attrayante pour les touristes, continue le professeur en sciences sociales. Tandis qu’un peu plus loin, place Anneessens, les sans-abri et usagers de drogues sont tolérés de longue date. On y trouve des bancs en U où ils peuvent discuter. »

Citoyens : alliés ou chasseurs ?

Avril 2015, les responsables du magasin Delhaize de la rue de Hennin à Ixelles, près de la place Flagey, font installer des plaques qui empêchent quiconque de s’asseoir ou de se coucher sur les bords qui longent le magasin. Des sans-abri avaient pris l’habitude de s’y installer. Le dispositif a suscité dans le quartier une levée de boucliers.

Quand les réaménagements montrent abruptement une volonté de « chasser les pauvres », les réactions citoyennes ne tardent pas à se manifester. Derniers exemples en date, les protestations contre l’arrosage à Anderlecht, ainsi que le retrait de grilles anti-sans-abri à la gare du Midi il y a quelques mois. D’un autre côté, souligne Claire Scohier, certains contrats de quartier ont contribué à l’installation de caméras de surveillance ou à la suppression de bancs publics pour éviter les grappes de jeunes, les nuisances sonores, l’insécurité.

« La question n’est pas seulement celle du droit à l’espace, mais aussi celle de la gestion de cet espace. », Martin Wagener, UCL (Fopes)

« La question d’un aménagement dissuasif ne se pose pas en règle générale dans les contrats de quartier, ou en tout cas pas en ces termes, explique Lionel Francou, chercheur en sociologie à l’Université catholique de Louvain et au Metrolab.Brussels. Généralement, les pratiques visent plutôt à ‘ouvrir’ les espaces, notamment dans l’idée que cela pourrait réduire le sentiment d’insécurité(). Mais il faut se rendre compte que ‘le citoyen’ n’existe pas en tant que tel, qu’il y a toutes sortes de citoyens (dont seulement une infime part s’investit dans un tel dispositif) avec des vues très différentes sur ce qui devrait ou non être fait, et pour quelles raisons. »

À cela s’ajoute une notion de seuil. Certains citoyens, commerçants se montrent assez solidaires quand ils sont confrontés à un ou deux sans-abri à leur porte. « Par contre, lors de l’installation des nouveaux locaux du Samusocial, les citoyens au sein des contrats de quartier, ont montré une certaine opposition,se rappelle Martin Wagener. On peut le comprendre, cela fait beaucoup de personnes d’un coup dans une rue résidentielle. »

Aménagement sécuritaire vs politiques sociales

L’espace public est utilisé de manière variée selon ses usagers (habitants, travailleurs, visiteurs…). D’où le défi de créer des lieux accueillants, conviviaux et tolérants qui répondent aux besoins de chacun.

Comme l’écrit la déclaration de politique régionale bruxelloise 2014-2019, « l’espace public est un lieu de rencontres, d’un usage quotidien, qui doit répondre aux besoins de la population et constituer un vecteur de lien social et d’échanges culturels. Le gouvernement entend favoriser le partage des espaces publics au profit de tous ». Belle ambition. Mais derrière ces déclarations de bonnes intentions, resurgit une nouvelle fois le débat d’une politique sociale orientée solutions de survie vs solutions de long terme.

« Le recours à cet urbanisme sécuritaire dédouane les pouvoirs publics d’affronter les problèmes sociaux générés par la dualisation croissante de la société », dénonce IEB. Et Willem Defieuw de renchérir : « Le sans-abrisme est le point culminant de la problématique du mal-logement en général. Aussi longtemps que le sans-abri sera visible dans l’espace public, cela incitera le politique à chercher des solutions. »

(1) Lire : http://www.librairie-ptyx.be/la-douche-et-la-betise-crasse

(2) François Bonnet, « Contrôler des populations par l’espace ? Prévention situationnelle et vidéosurveillance dans les gares et les centres commerciaux », Politix 2012/1 (n°97), p. 25-46. DOI 10.3917/pox.097.0025.

(3) Matagne J., Meynaert P., Scohier C., « Quand les espaces publics se défendent des indésirables », Bruxelles en mouvements n°230, janvier 2010.

(4) François Bonnet, ibidem.

et pour poursuivre votre réflexion :

revoir les classiques : jeanne et marguerite

Avec India song de Marguerite Duras

Dans l’Inde des années 1930, à l’ambassade de France de Calcutta, des voix évoquent le souvenir d’une femme aujourd’hui disparue et inhumée au cimetière de la ville : Anne-Marie Stretter, autrefois épouse de l’ambassadeur… Un soir, à l’époque de la mousson, lors d’une réception à l’ambassade, le vice-consul de France à Lahore avait crié son amour à Anne-Marie au beau milieu des convives.
Date de sortie : 4 juin 1975 (France)
film en entier ICI
la chanson de interprétée par Jeanne Moreau

Jeanne Moreau chante India Song (texte: Marguerite Duras / musique: Carlos D’Alessio) 1975 Chanson, Toi qui ne veux rien dire Toi qui me parles d’elle Et toi qui me dis tout Ô, toi,
Que nous dansions ensemble Toi qui me parlais d’elle D’elle qui te chantait Toi qui me parles d’elle De son nom oublié De son corps, de mon corps De cet amour là De cet amour mort Chanson,
De ma terre lointaine Toi qui parleras d’elle Maintenant disparue Toi qui me parles d’elle
De son corps effacé De ses nuits, de nos nuits De ce désir là De ce désir mort Chanson,
Toi qui ne veux rien dire Toi qui me parles d’elle Et toi qui me dis tout Et toi qui me dis tout
Jeanne et Marguerite dans Rumba des Îles (Jeanne Moreau/Marguerite Duras, 1975, musique: Carlos D’Alessio)

 

petites digressions avec jeanne moreau toute seule

Jeanne Moreau – L’enfant que j’étais (J.Moreau / Jacques Datin) Extrait de l’album « Jeanne chante Jeanne »
L’enfant que j’étais me tourmente Elle est gentille, elle est charmante Mais je la trouve trop présente Elle me traite sans égard Elle m’obsède, elle m’égare Et transparaît dans mes regards L’enfant que j’étais est méchante Pieds joints dans mon cœur, elle se plante Elle réclame, elle est violente Comment pourras-tu l’apaiser ? Toujours, elle se sent lésée Et veut bien plus que des baisers Ha ha ha ha Ha ha ha ha L’enfant en moi est désarmante Elle veut être plus qu’une amante Et l’idée de la mort la hante Je voudrais pouvoir l’endormir Ou peut-être la faire sourire Exaucer un de ses désirs Cette enfant trop souvent se plaint Qui donc la prendra par la main Et lui parlera de demain ? Je ne puis m’en débarrasser Car elle attend, jamais lassée Obstinément, les yeux baissés Ha ha ha ha Ha ha ha ha Cette enfant vivrait au soleil Rêverait au bruit des abeilles Les doigts égrenant des groseilles Elle n’aime que le bruit de l’eau Le goût de l’amour sur sa peau Elle ne reçoit que les cadeaux Cette enfant est vraiment démente Elle se plaint et se lamente Souvent, je hais cette mendiante Elle ignore le parfum des fleurs Ne reconnaît plus les couleurs Confond le rire avec les pleurs Ô douce enfant Laisse-moi vivre !